dimanche 21 juillet 2013

Sidérurgie: un rapport parlementaire exige moins de naïveté européenne


PARIS - Une commission d'enquête parlementaire française sur la sidérurgie exige moins de naïveté européenne pour défendre son industrie et plaide pour la sécurité de l'approvisionnement énergique, dans un rapport contenant 26 propositions qu'elle présentera mardi.

La commission, qui a auditionné une vingtaine de personnes ce printemps, propose de maintenir et moderniser une filière liquide de fabrication sidérurgique complète en France, dans un rapport de près de 450 pages, qui sera remis mardi matin au président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.

Dans le document, la commission identifie les problèmes qu'affronte l'industrie sidérurgique française et présente 26 recommandations pour conforter la recherche et la production en France dans des activités qui doivent être impérativement considérées comme appartenant à une filière stratégique, écrit son président Jean Grellier, député PS des Deux-Sèvres.

Le rapport exige des mesures pour défendre la sidérurgie française. Il appelle notamment à renforcer les moyens de contrôle des administrations douanières sur les produits sidérurgiques et métallurgiques accédant au marché européen. Selon les auteurs, des produits importés incorporent des substances définitivement proscrites par la Commission européenne.

La naïveté de la Commission est souvent pointée du doigt, la politique industrielle de Bruxelles étant qualifiée d'inadaptée et obsolète.

Le rapporteur Alain Bocquet, député Front de gauche du Nord, affirme partager la vigueur des critiques du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a dénoncé la vision dogmatique du droit de la concurrence, qui tient lieu (pour la Commission européenne) de politique industrielle, lors de son audition.

Pour M. Grellier, la commission d'enquête a malheureusement constaté le caractère souvent contreproductif des politiques européennes de la concurrence ou encore de l'énergie qui reposent sur une conception naïvement confiante dans les vertus d'un grand marché mondialisé et totalement dérégulé pour conforter voire simplement rétablir la croissance.

Le rapport demande à l'UE de s'inspirer de l'exemple américain et d'utiliser l'arme du relèvement des droits de douane face à des situations contestées et répétées de dumping. Son utilisation permet d'établir un rapport de force favorable, allusion à peine voilée aux importations chinoises.

Pour M. Grellier, la sécurité de l'approvisionnement énergétique constitue également un enjeu décisif pour la pérennité de l'industrie.

Le rapport, qui regrette qu'ArcelorMittal ait sacrifié l'avenir de l'entreprise à la rentabilité immédiate, propose la création d'une aciérie électrique au meilleur niveau technique en Lorraine, où les derniers hauts-fourneaux en activité ont été mis sous cocon ce printemps à Florange.

De manière inattendue, les auditions de la commission ont permis de trouver un terrain d'entente entre Lakshmi Mittal et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, après leur affrontement autour de Florange.

Le PDG d'ArcelorMittal a ainsi appelé, lors de son audition du 17 avril, à lutter contre les importations à bas coûts, qui se traduisent pas des pertes d'emploi (...) et fragilisent l'appareil industriel domestique, l'un des chevaux de bataille du ministre.

Enfin, la commission suggère qu'une doctrine spécifique d'investissement de la BPI soit définie pour qu'elle puisse prendre des participations significatives au capital et rompre ainsi avec la mainmise de groupes étrangers sur les entreprises sidérurgiques et métallurgiques.

 (©AFP / 15 juillet 2013 19h49)

mercredi 3 juillet 2013

Dunkerque...

Alors que le marché de l’automobile, qui représente 50 % de son activité, continue à souffrir de la crise, quelles perspectives économiques pour ArcelorMittal Atlantique et Lorraine (huit usines dont Dunkerque et Mardyck) ? Et plus globalement, quelle sera la stratégie du groupe en Europe dans les années à venir ? Réponses de Didier Cheval, directeur d’ArcelorMittal Dunkerque, plus gros site de l’entité Atlantique et Lorraine avec 3 500 salariés.


Le contexte économique.- La consommation d’acier en Europe est inférieure de 20 à 25 % à ce qu’elle était fin 2008. « Et la rechute de l’économie européenne en 2011 laisse à penser que cette situation va durer encore plusieurs années », résume Didier Cheval, qui ajoute que cet état de fait entraîne une concurrence exacerbée entre tous les acteurs du marché et une « tendance baissière » des prix de vente. « Par ailleurs, ajoute le directeur d’ArcelorMittal Dunkerque, le prix des matières premières pour fabriquer l’acier a globalement doublé entre 2007 et 2012, ce qui génère des marges faibles ou négatives pour l’ensemble des sidérurgistes européens. »

Dans ce contexte économique très difficile pour l’Europe, ArcelorMittal a adapté son dispositif industriel selon les principes suivants : concentration progressive de sa production sur les lignes les plus compétitives, « et Dunkerque en fait partie », assure Didier Cheval, et arrêt, temporaire ou définitif des autres lignes (Florange ou Liège, par exemple). « Aujourd’hui, reprend Didier Cheval, notre usine tourne à fond, avec ses trois haut-fourneaux (HF). Depuis le rallumage du HF2 fin janvier, le site monte en production pour atteindre le rythme des sept millions de tonnes de brames d’acier par an, ce qui correspond à sa capacité maximale de production. »

Le fonctionnement actuel du site de Dunkerque.- Autre preuve de la bonne santé actuelle de l’usine, selon son directeur : le mois dernier, elle a battu un record de production de brames d’acier avec ses trois coulées continues, soit plus de 585 000 tonnes. « Notre précédent record était de 590 000 tonnes, mais avec quatre coulées continues. Là, nous faisons quasiment autant avec trois », illustre Didier Cheval, qui rappelle que Dunkerque se situe au cœur des usines de l’entité Atlantique et Lorraine, puisqu’elle fournit également en brames et en coils (bobines d’acier) les usines de Liège, en Belgique, et celles de Lorraine. « Plus globalement, indique-t-il, notre objectif est de faire d’Atlantique et Lorraine un ensemble industriel de référence en Europe de l’Ouest (…). Ce nouvel ensemble a des atouts qu’il doit savoir utiliser pour devenir l’un des plus performants en Europe. »

Les investissements.- Sur une enveloppe de 62,4 M € consacrée en 2012 à l’entité Atlantique (Dunkerque, Mardyck, Desvres et Montataire), 57,8 M € ont été consommés pour la seule usine de Dunkerque. « Dunkerque, qui bénéficie de sa position géographique en bord de mer, tourne à une moyenne de 60-70 M € d’investissements chaque année. Et en 2012, l’usine a effectivement représenté la quasi totalité des investissements réalisés dans l’entité Atlantique », résume Didier Cheval. Parmi les gros investissements à venir figurera le « revamping » (rénovation) du haut-fourneau nº2. Un chantier programmé au deuxième semestre 2015 pour une durée de trois mois et pour lequel Mittal débloquera une enveloppe de 90 M €.

Les embauches.- Entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2012, ArcelorMittal Dunkerque a réalisé 298 embauches externes, en très grande partie centrées sur ses cœurs de métier : production, mécaniciens et électriciens, et chimistes. « En parallèle, ajoute Didier Cheval, directeur de l’usine, nous avons accueilli sur notre site, depuis le 1er janvier 2010, 150 collègues venus d’autres usines de la société ou du groupe. En moyenne, nous enregistrons un rythme de 150 entrées par an. Nous embauchons et cela va continuer ! »

En 2013, selon Didier Cheval, les actions de recrutement se poursuivront « en fonction des besoins opérationnels réels et en ciblant notre cœur de métier. Nous devons aussi continuer à nous positionner comme site d’accueil pour des salariés d’autres sites du groupe ». Et le directeur d’ArcelorMittal Dunkerque d’ajouter que le rythme des embauches augmentera cette année avec 230 entrées (une centaine ont déjà eu lieu). « Même si nous ne couvrons pas complètement tous les départs à la retraite (230 entrées pour environ 240 départs, selon lui, ndlr), nous restons quand même une usine qui embauche à l’heure où l’industrie débauche », estime Didier Cheval.

Pour effectuer ces entrées, le groupe s’appuie sur plusieurs viviers : intérimaires employés sur ses sites, contrats en alternance, embauches de personnes expérimentées que le groupe débauche et mutations d’autres sites.

Quid des métiers recherchés pour Dunkerque ? Cela concerne trois catégories (majoritairement du personnel travaillant en poste) : du personnel de maintenance (170 M € sont consacrés chaque année, en plus des investissements, à la maintenance des installations), électriciens, mécaniciens, hydrauliciens et automaticiens ; du personnel d’exploitation capable de piloter des équipements de haute technologie ; enfin, des chimistes et des métallurgistes. La voix du nord ( juillet 2013).